Jeudi le 27 février devait être pour moi le jour où mon cœur pourra enfin battre à un rythme normal. Mais que de péripéties avant d'y parvenir.
La veille de cette si importante journée, alors que je me repose dans la chambre faisant le plein d'énergie pour affronter les jours qui viennent, on me demande au téléphone. Une infirmière d'un projet de recherche sur un nouveau modèle de cardiostimulateur me propose de devenir « cobaye » pour ce type d'appareil. En l'écoutant attentivement, j'y vois mon intérêt puisque je souffre d'une autre anomalie cardiaque, le rétrécissement de la valve aortique. La résonance magnétique constitue le meilleur examen pour suivre l'évolution de cette maladie. Les porteurs d'un cardiostimulateur standard ne peuvent passer d'IRM à cause des champs magnétiques. Mais le nouvel appareil que l'on me propose est fait d'un alliage qui en principe les supporte. Et moi qui croyais être libérée de ces longues minutes enfermée dans un cylindre si étroit et bruyant.
À cause de mon sens aigu du devoir, des longues années où j'ai moi-même sollicité des personnes pour participer à mes recherches en sciences humaines et en droit, et à cause surtout des avantages que je pourrai en tirer, j'accepte que l'on m'implante ce nouveau cardiostimulateur.
Et voilà que débute l'aventure de mon hospitalisation! D'abord le bureau d'admission où une jeune préposée tout à fait charmante me demande mon état civil, puis le nom de « mon mari ». J'hésite entre le fou rire et l'indignation. Je dois vieillir ou être vraiment paniquée, je me contente de lui signifier que ce n'est pas un mari, mais une conjointe. Un ange passe au-dessus de nos têtes, la préposée prise en faute, expédie le reste de l'entrevue le plus rapidement possible.
Nous montons à l'étage où je serai hospitalisée. Il est tout près de onze heures, je suis à jeun depuis minuit la veille. Là, c'est le choc! On se croirait dans la salle des pas perdus de la Gare Windsor à l'heure de pointe. Des civières et des chaises roulantes, des infirmières et autres préposés aux malades qui courent partout, des visiteurs et des malades qui déambulent en faisant du slalom dans les corridors. La pagaille quoi!
On m'assigne une chambre. Une infirmière d'âge mûr vient me voir et m'avise qu'elle doit m'installer un cathéter que je garderai tout le long de mon hospitalisation. Trois essais, trois échecs, à chaque fois le cathéter passe au travers de la veine. Selon elle, il s'agit d'un nouveau produit qu'elle ne connaît pas bien, difficile à manipuler correctement. Elle lance l'éponge et va chercher sa collègue qui réussit du premier coup. Mais en tentant de prélever un peu de mon sang pour les examens de routine, elle fait chou blanc et doit piquer à nouveau pour installer un papillon. Nouveau pépin, la troisième fiole ne se remplit qu'au quart. On s'en contentera!
Arrive alors une technicienne aussi vieille que moi avec son chariot pour effectuer un électrocardiogramme. Déjà visiblement de mauvaise humeur, elle se déchaîne carrément au premier résultat...disant au nouvel infirmier qu'elle ne comprend pas ce qui se passe. Elle reprend l'examen quatre fois jusqu'à ce que celui-ci lui dise qu'il se contentera des essais qu'elle a fait. Interrogé sur le pourquoi de sa mauvaise humeur, il me répond que mon pouls était si faible que l'appareil avait de la difficulté à le détecter. Il est temps qu'il se passe quelque chose, qu'on arrête de me faire paniquer!
Enfin, c'est l'heure de l'opération. Dans le corridor qui jouxte le bloc opératoire, les civières sont alignées comme des avions sur le tarmac d'un aéroport international sur le point de décoller. Bon voyage! En effet, à partir du moment où l'on m'installe sur la table, je perds complètement la carte. Plus tard j'apprends que l'intervention a duré une heure, que tout s'est bien passé et que je n'étais pas très « jasante ». Même si j'ai subi une anesthésie locale, on m'a injecté en plus un sédatif quelques minutes avant le début de l'opération.
Je suis de retour à ma chambre après quelques heures. J'y retrouve ma Madeleine. Benjamin et Ève arrivent à l'heure du souper pour me soutenir eux aussi avec amour. Immobilisée par un sac de sable sur la plaie pour éviter un œdème, Benjamin me fait manger patiemment à la façon de ses trois petits.
Longue nuit de sommeil entrecoupée de réveils causés par la douleur à la plaie qui dégèle doucement.
Après quelques électrocardiogrammes et une dernière échographie rendue nécessaire à cause d'un épanchement sanguin autour de l'enveloppe du cœur survenu lors de l'installation d'une des sondes reliées au cardiostimulateur, je peux enfin rentrer à la maison avec Ève et Madeleine pour y entreprendre ma convalescence d'un mois.
Je lis dans mon lit l'après-midi avant de faire la sieste, puis je tricote un peu en écoutant les nouvelles. Je serai comblée avec le déclenchement des élections au Québec...
Avec Madeleine qui prend grand soin de moi, nous avons marché un peu dimanche et lundi. Hier et aujourd'hui avec -28°C, ce n'est pas vraiment indiqué. Mais peut-être irons-nous faire une petite virée chez Home Sense en après-midi... qui sait?
Merci à toutes celles et ceux qui m'ont envoyé des pensées, des bouffées d'amour. Merci aussi d'avoir pris de mes nouvelles avant ou après l'opération. J'apprécie pleinement toutes vos marques d'affection.
Chaque jour je vais un peu mieux, je n'ai pas encore mis à l'épreuve mon nouveau cœur, cela ne saura tarder. Je vous en donnerai des nouvelles.
Bon printemps. Portez-vous bien.
Je vous aime.
mercredi 5 mars 2014
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Je pense à toi! Je t'aime maman!
RépondreSupprimertu écris toujours aussi bien, longue vie au cardiostimulateur et à sa porteuse!
RépondreSupprimerbises douces
patricia et martine